Partie 1: Saint-pierre->Cilaos
C'est le top départ. Avec Henri nous partons à la fin. Environ 30000 personnes sur le bord de l'Océan sont présentes pour nous encourager. C'est impressionnant!
Henri disparait dans la foule et je ne le reverrai plus de la course.
Toute la Réunion vit au rythme du Grand Raid pendant plusieurs mois. C'est l'événement majeur de l'année dans cette région. Le monde de l'entreprise utilise la diagonale de fous comme vecteur de communication.
C'est le début de la première nuit.
Nous longeons la côte sur la route sur environ 7km puis nous commençons à monter sur les chemins dans les champs de cannes à sucre. Il fait lourd. Les premiers ravitaillements ressemblent à des champs de bataille et sont presque vides. Etant en semi-autonomie je les passe rapidement.
Nous traversons ensuite une forêt aux essences tropicales et au terrain technique (relief, racines et pierres) où quelques ralentissements apparaissent dû aux nombres de coureurs.
J'observe un réunionnais qui évolue en sandales!
Plus tard il confiera qu'il a eu froid aux pieds sur le parcours vu les conditions climatiques.
Puis progressivement, en passant par une autre forêt (au-dessus de la plaine des Cafres) où je peux augmenter le rythme, nous arrivons au Piton Sec (35,7 km) puis Textor. Le jour se lève et le spectacle est grandiose: on se trouve dans un décor verdoyant et tourmenté de film type "iles désertes". Nous sommes proches du Volcan à vol d'oiseau. 2589m de D+ viennent d'être montés!
Le temps, initialement prévu beau, se gâte et devient franchement mauvais.
Au ravitaillement de Piton TEXTOR (40,1km) de nombreux coureurs grelotent (le différentiel de température avec le départ est important). Pour ma part ce n'est pas le cas car j'ai toujours veillé à bien m'alimenter, à bien m'habiller et à ne pas stationner sur des zones exposées aux intempéries…et il faut positiver…c'est un Ultra! De plus l'expérience et l'entrainement dans les Alpes de cet été sont un atout.
Ensuite on va continuer à monter en pente douce à Mare à boue. La pancarte au début du sentier prévient: chemin à éviter en cas de pluie. Ça tombe bien il pleut!!
Le terrain est très gras et glissant, quelques secondes d'inattention, déséquilibre généré par des branches au sol, et c'est la chute. Bilan: une belle griffure au bras et l'œil gauche qui voit trouble.
Il faut relativiser tout va bien et j'entame la descente vertigineuse et technique, parsemée d'échelles, dans la cassure volcanique menant à Cilaos.
Il faut être précis et concentré car on descend d'environ 1000m sur 2km!